D’Accra à Addis-Abeba
en passant par le Caire, Barack Obama a laissé le plus prestigieux des
héritages à Faure Gnassingbé et à ses « frères et amis » qui continuent de s’accrocher au Pouvoir. Le
Noir a montré à ses frères Noirs la voie à suivre pour pouvoir construire la
démocratie et assurer le développement de leurs pays. A Lomé, on semble ne rien
percevoir puisqu’on continue de
réfléchir sur la limitation du mandat présidentiel même après avoir passé plus
de 10 ans au Pouvoir et surtout avec la mise
en place d’une commission (
chargée de réfléchir sur les réformes politiques) non consensuelle et bien
partisane. A Kinshassa, on ne laisse toujours pas transparaitre sa volonté de
quitter le Pouvoir même si on vient de mettre fin à une série de dialogue avec
la bénédiction Vaticane. Et à Lunda, on essaie de jouer au népotisme. Des
Dirigeants Africains qui s’obstinent à s’arque- bouter au Pouvoir et à en jouir
comme le leur commande leur esprit.
La réplique est fort surprenante ! En juin 2016, le Président Togolais met en
exergue sa volonté de ne pas quitter le Pouvoir. Du moins pour le moment. Faure
Gnassingbé affirmait au micro d’une chaine allemande qu’il était toujours en
train de réfléchir par rapport à la limitation du mandat présidentiel. Il
répondait ainsi à Barack Obama qui s’exprimait sur le sujet un an plutôt. Nous
sommes en Juillet 2015. Le Président Américain devant l’Union Africaine
s’adresse aux Dirigeants Africains : « Personne ne devrait être président à vie ». Faure Gnassingbé
du Togo qui venait de faire 10 ans au Pouvoir, Joseph Kabila qui venait de
faire 14 ans au Pouvoir, Jose Eduardo Santos qui faisait déjà 36 ans de règne,
Paul Biya Biya qui faisait déjà plus de 30 ans à la tête du Cameroun l’ont
écouté. Et ce qui parait fort étonnant, c’est que tous ces dirigeants en plus du
Brazzavillois N’guesso et autres chantent régulièrement la démocratie dans leurs discours. Et Obama
leur répond encore : « Les
progrès démocratiques sont en danger quand les dirigeants refusent de se
retirer une fois leur mandat terminé... Si je me représentais, je pense même
que je pourrais gagner. Mais je ne peux pas... ». La démocratie en
danger donc avec ces dirigeants qui s’accrochent au pouvoir. Ils diront peut-être
que leurs Constitutions ne limitent nullement le mandat présidentiel. Aux
Etats-Unis, la Constitution ne limite pas non plus le mandat présidentiel. Il y
a une coutume constitutionnelle qui oblige les Dirigeants à ne faire que 2
mandats au Pouvoir. Le Pouvoir étant un
bien public et n’appartenant ni à un
clan, ni à une ethnie ni à une famille, le Chef de l’Etat devra le quitter après les deux mandats et donner la chance à
ses autres concitoyens de se positionner aussi. Cela ne semble rien dire à
Faure Gnassingbé du Togo. Il est déjà à son troisième mandat. Il tend vers le 4ème.
Et rien ne laisse présager qu’il quittera le Pouvoir en 2020. La preuve. Il dit
réfléchir sur la limitation du mandat présidentiel. Il parle d’enjeux de
Pouvoir. Et l’extraordinaire de ce début d’année, il nomme les Membres d’une
Commission chargée de réfléchir sur les réformes constitutionnelles et
institutionnelles. Une Commission non consensuelle et laissée dans le vague en
ce qui concerne la temporalité. On n’y retrouve nullement des acteurs de
l’opposition et les travaux de la Commission ne seront soumis à aucun délai.
Ladite Commission peut prendre jusqu’à 5 ans pour son travail. Faure Gnassingbé
toujours président. Puisque les conditions sont toujours bien réunies pour
qu’il gagne toujours les élections. Au
Congo démocratique, on fait trainer les choses pour rester le plus longtemps
possible au Pouvoir. Au Cameroun, à Brazzaville ou à Hararé, on n’a aucune date
précise par rapport au départ de ces dictateurs du Pouvoir.
Ces phrases de Barack Obama devant l’Union Africaine
constituent un de ces trois héritages que les Africains devraient garder et y
travailler. En Y travaillant, on ferait respecter les règles de la Res Publica,
la Chose publique pour tous Où tout le monde aurait les mêmes chances devant le
jeu électoral. Mais Ces Dirigeants qui
continuent de s’accrocher au Pouvoir en font abstraction.
Deuxième Héritage de Barack Obama aux
Dirigeants Africains, Accra , « Des Institutions fortes, clé du
succès ».
Juillet 2009. Devant le Parlement Ghanéen Obama lâche le mot. Des Institutions fortes. Il
s’exprimait tout en faisant, sans nul
doute, allusion au Colonel Kadhafi de la
Lybie qui était toujours vivant, au Tunisien Ben Ali, à Paul Biya, à Sassou
N’guesso, à Eduardo Santos mais aussi à Jospeh Kabila et au Régime Togolais. Un
Régime qui venait de faire 42 ans au Pouvoir. Le papa qui meurt à 69 ans avec
38 passés à la tête du pays et qui laisse le Pouvoir à son Fils Faure. Le papa
Eyadéma a dirigé sans partage avec une main forte en mettant toutes les
Institutions à son service, y compris l’Armée. La preuve. La dictature bien
pesante sous lui. Le fils qui arrive au Pouvoir suite à la mort du papa
maintient la dynamique. Il contrôle toutes les Institutions de la République.
Il contrôle la Cour Constitutionnelle, la Commission Electorale Nationale
Indépendante, la Cour des Comptes, les finances du pays, les sociétés d’Etat.
Une « minorité s’accapare les richesses du pays ». Les grosses boites
sont dirigées par les militants du Régime.
Les BTP en sont des exemples. Le Fils Faure a fait plus de milliardaires
en un si peu de temps que son père. Ses copines très riches. L’Ancienne
Directrice des Impôts en est une parfaite illustration. Les femmes de son père
étaient moins visibles de son temps. Le
contraire chez le Jeune Gnassingbé. Le Jeune contrôle tout. Il n’en fait pas
sien l’héritage de Barack Obama. « En ce
XXIème siècle, des Institutions capables, fiables et transparentes, capables et
fiables sont la clé du succès. Des parlements puissants, des forces de police honnêtes
et des juges indépendants ». Et pourtant il prétend créer un Togo
économiquement assis alors que les richesses du pays sont contrôlées par lui et
par la minorité dont il a une fois fait
mention dans un de ses célèbres discours. «Aucun
pays ne peut créer de richesse si ces dirigeants exploitent l’économie pour
s’enrichir personnellement » lançait le Locataire de la Maison Blanche
avant d’ajouter « Aucune entreprise
ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille une part de 20% ou
dans lequel le Chef de l’Autorité portuaire est corrompu. Personne ne peut
vivre dans une société où la règle de droit cède à la place à la loi du plus
fort et à la corruption. Ce n’est pas de la démocratie. Ce n’est pas de la
démocratie. C’est de la tyrannie même si de temps en temps on y sème une
élection çà et là, et il est temps que ce type de gouvernement
disparaisse. » L’héritage de Barack Obama aux Dirigeants Africains.
Avec ce discours, on peut développer facilement développer le Continent noir.
Mais si on en fait fie, difficile pour le Togo et ses pays frères de décoller.
Difficile de faire développer le Togo dans de telles conditions. On aurait
suivi Obama, on aurait des institutions déverrouillées, la transparence dans la
gestion des affaires publiques, la reddition des comptes, les richesses du pays
équitablement réparties et le pays aurait accès à des milliards qui vont et qui continuent de se diriger vers les poches de
cette minorité. Avec ces milliards de FCFA, on financerait énormément les
politiques publiques, les initiatives privées. Plus de richesses, plus
d’emplois, moins de frustrations, moins de corruption, moins de pauvreté et
plus de croissance.
En s’appropriant ce discours Accra, tous les dirigeants
Africains devraient faire rapatrier leurs milliards de dollars qui dorment dans
les banques occidentales et les mettre à la disposition de leurs pays. Eduardo
Santos avec ses 31 milliards de dollars, Obiang Guema avec ses 600 millions de
dollars, Kabila avec ses 250 millions de dollars pourraient changer le visage
de leurs pays respectifs.
Ces pays en plus du Togo sont-ils une démocratie ?
Négative ! Ils ont juste trempé leurs orteils dans le fleuve de la
démocratie.
Caire, troisième
Héritage de Barack Obama pour les Africains : Education, innovation et la
possibilité de créer un monde nouveau…
Depuis quelques années, les dirigeants Africains affichent
toute leur volonté de construire des États Émergents. Ils se seraient inspirés du discours du Président Américain de
Juin 2009 au Caire en Égypte. « Nous
avons le pouvoir de faire le monde que nous voulons.. ». Les Africains
ont le pouvoir de construire le monde qu’ils veulent. Ils peuvent faire de
leurs pays des États émergents s’ils le souhaitent vivement. Il leur suffirait
simplement de mettre un accent sur certains critères dont une économie
diversifiée, une croissance potentielle (5% sur de longues années), et une
démographie jeune (une population beaucoup plus jeune et bien éduquée et bien
formée). Mais ces critères sont loin d’être respectés par les Dirigeants
Africains. En parlant d’une population bien formée, on fait allusion à
l’éducation sans laquelle aucun développement ne serait possible. Obama disait à ce sujet « Nous devons tous reconnaitre que l’éducation et l’innovation
seront la monnaie du XXIème siècle. Il y a sous-investissement dans ce
secteur ». Au Togo, on néglige le secteur et pourtant, Faure
Gnassingbé le Président de la République et son Gouvernement prétendent à
l’émergence. Un Ministre des Enseignements primaires et secondaires qui tâtonne
sur le sujet et un Ministre des Enseignements Supérieurs moins ambitieux en ce
qui concerne le Monde universitaire et un Président de la République très
passif. Le discours Caire, cet héritage Obama pourrait servir à développer le
continent noir.
Qui peut avec tout ce tableau clamer haut et fort que l’Ancien
Président des États-Unis n’a rien fait pour le Continent Noir ? Ou les
Africains s’attendaient à ce qu’il débarque à Addis-Abeba avec des centaines de
mallettes et commencent par leur distribuer des milliers de dollars.
Impossible. Il apprend à pécher. Même si quelque fois il se montre un peu plus
généreux. 2014. A l’ occasion du sommet
US-AFRICA Business Forum organisé aux États-Unis, Obama a mobilisé 33 milliards
de dollars pour le Continent Noir. « Les États-Unis investissent
massivement sur le long terme en Afrique » disait l’Ancien homme le plus
puissant de la Planète, il y a de cela plus de 2 ans. Obama n’a-t-il rien fait pour l’Afrique ?
Il a donné la clé du succès au Continent. Aux Dirigeants et au Peuple d’ouvrir les
portes fermées.
Messieurs les Présidents, le Pouvoir est un bien public. Tout
le monde y a droit.
Firmin Teko-Agbo, journaliste-Chroniqueur
politique
Aucun commentaire
Enregistrer un commentaire