Lancé le 04 décembre dernier, la campagne électorale a pris sa vitesse de croisière sans la participation de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition qui n’est pas d’accord avec la majorité au pouvoir sur plusieurs questions notamment celles inhérentes au processus électoral même. De ce fait, les leaders de la C14 ont décidé d’observer la posture du boycott. Pour autant si les tenants du boycott disposent de ce droit que leur confère la constitution togolaise de ne pas participer quand bon leur semble à une expression publique, le devoir leur incombe en retour de respecter l’opinion des autres togolais qui ne pensent pas comme eux et qui n’aspirent qu’aller aux élections le 20 décembre prochain.
De ce fait, il faut comprendre que l’appel au
« Togo mort » lancé par les meneurs du mouvement contestataire est
liberticide par essence surtout qu’il prétend dénier aux autres togolais leurs
droits légitimes.
La question togolaise étant plus complexe des
fois qu’on ne le pense, il ne s’agit donc pas ici de donner raison à la C14 ou
à la majorité présidentielle sur les questions qui les opposent mais de
reconnaitre la portée d’un acte citoyen et tout ce qu’il peut apporter comme
satisfaction dans le vécu d’un homme. C’est pourquoi nous ne saurions connaitre
le fin mot de l’histoire sans remonter aux fondements de la question de l’incivisme. Pour mémoire, il faut dire
que la perte de la fibre patriotique
d’une partie de la togolaise remonte aux années 90 lorsque la rue a été mise à
contribution par les opposants d’alors
pour renverser le régime d’Eyadema. Tout ceci orchestré dans le
radicalisme et l’embrigadement d’une partie de la population togolaise
dans une logique de défiance permanente
de l’Etat.
Ainsi, le recensement électoral étant un
devoir civique non des moindres, c’était une erreur dogmatique (et pourquoi pas
stratégique) qu’a commise la coalition en interdisant à ses militants de se faire enrôler en octobre dernier. Comme
le dit savamment le sage, attendons de voir, la suite nous édifiera.
En vérité, œuvrer comme un patriote, c’est
œuvrer pour la cohésion sociale et l’unité nationale. C’est savoir aussi mettre
de côté ses intérêts quand l’intérêt commun est menacé. N’eût été cette
propension à transcender ses divergences d’opinion et à ne privilégier que la
cause commune au détriment de l’intérêt personnel quand le besoin s’en ressent,
l’occident qui est devenu le premier pôle de puissance mondiale depuis l’effondrement
de la civilisation égypto-nubienne (à cause justement de notre désunion)
n’aurait pas pu asseoir durablement le modèle de développement qu’il impose au
reste du monde aujourd’hui. C’est dire que si le patriotisme se définit comme
l’amour de la patrie, cela va sans dire que le politicien qui se targue souvent
d’être un patriote par excellence devrait
taire ses ambitions politiques quand il le faut pour ne privilégier que l’intérêt de ses
concitoyens. Cette assertion est valable pour le député comme pour le magistrat
suprême.
Le boycott, une solution aux questions
pendantes ?
Arme conventionnelle du jeu politique, le
boycott est utilisé aujourd’hui par les opposants au régime pour se faire
entendre; c’est de leur droit absolu. Cependant, dans l’intérêt des populations
que la coalition prétend défendre, il importe qu’elle reprenne langue avec la
majorité au pouvoir afin de travailler ensemble pour trouver les solutions
idoines aux problèmes qui les divisent autrement elle sera prise une fois encore
au piège du boycott en 2020. L’un dans l’autre, on peut tabler aujourd’hui
qu’eu égard à notre histoire politique, l’une des causes essentielles du
blocage dans les négociations politiques au Togo, c’est le manque de prise de
position à temps des opposants et leur incapacité à anticiper face à une situation donnée. Ceci
nous amène à nous poser une question à savoir qu’est ce que la coalition a pu
faire (depuis l’annonce de la feuille de route de la CEDEAO divulguée le 31 juillet
dernier) des chances de discussions qu’elle a eue avec le parti au pouvoir
d’une part, et avec les facilitateurs d’autre part ?
Nous osons croire que pour 2020 les revendications
d’ordre électoral seront prises en compte à temps par les opposants au régime
en place.
Il
nous souvient que lors des présidentielles de 2010, les opposants au régime de
Faure Gnassingbé avaient observé la même posture en ne se levant pas à temps
sur la question du mode de scrutin. En effet, en 2010, c’est à moins de deux
(2) mois du scrutin présidentiel alors que le processus électoral était
définitivement lancé que l’opposition s’est rendu compte que le Togo était le
seul pays de la sous-région Ouest africaine à adopter le mode de scrutin
uninominal à un tour.
Pourquoi alors avoir attendu que tout soit
prêt, pour poser des problèmes qui devraient être posés avant la mise en route
définitive du processus électoral ? Pourquoi l’opposition voulait faire du
mode de scrutin un blocage de ce processus alors que le problème aurait pu
être régler au moment de la modification du code électoral à l’Assemblée
Nationale ou au sein du cadre permanent de dialogue et de concertation (CPDC)
et plus tard à Ouaga?
Vivement qu’aux échéances de 2020, le pays ne
connaisse plus le même syndrome retardataire.
Un patriote togolais
Aucun commentaire
Publier un commentaire