La Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) cristallise les débats ces derniers jours. L'institution, sans disposer d'éléments nouveaux, s'invite dans une affaire bouclée par de longues investigations des corps de contrôle de l’État, à savoir, l'Inspection Générale d’État et le Service Central de Renseignements et d'Investigations Criminels (SCRIC). Ladite affaire n'est autre que le présumé détournement de fonds attribué à Delato Agbokpé, directeur des transports routiers et ferroviaires.
Nos confrères du journal La Manchette ont rendu
publics le mercredi dernier dans la parution 073 les résultats d'une enquête
sur le sujet. Il en ressort, preuves à l'appui, qu'il n'a jamais été
question de détournement, et le sieur Delato Agbokpé, connu pour sa rigueur et
son amour de la transparence, serait blanc comme neige dans cette affaire.
«
L'usage de ces fonds a été justifié pièce par pièce. M. Delato Agbokpè a juste
fait preuve de courage, de pragmatisme et surtout de clairvoyance, pour
contourner l'obstacle dressé sur son chemin afin de l'empêcher d'accomplir
effectivement les réformes à la DTRF pour lesquelles il a été nommé par le chef
de l'Etat. Outre les investigations de l'Inspection Générale d'Etat sur cette
affaire, le Service Central de Recherches et d'Investigations Criminelles
(SCRIC), ancien SRI, a également mené ses enquêtes ponctuées de plusieurs
auditions. Les enquêtes ont été bouclées, le président de la République est
informé des résultats blanchissant Delato Agbokpè, ce qui le conforte dans sa
noble mission d'assainissement et de modernisation des services de la DTRF », écrit La Manchette.
Tout est clair maintenant, Delato Agbokpé n'a jamais
détourné un franc. Dans la réalité, cette affaire, classée depuis,
ne nourrit plus la polémique. La nouvelle polémique, c'est plutôt la HAPLUCIA et
sa gestion de l'affaire depuis le courrier d'invitation jusqu'à l'audition du
DG de la DTRF.
C'est donc un citoyen honnête, non reconnu coupable
des faits qui lui sont reprochés, que la HAPLUCIA a écouté, tout en organisant
tout autour de la démarche du bruit grâce aux fuites occasionnées. Le
déroulé de toute l'audition d'Agbokpé, le nombre de fois qu'il s'est rendu dans
les locaux de la HAPLACIA, ses faits et gestes, ses émotions, se sont retrouvés
sur la place publique, alors que les textes qui régissent la HAPLUCIA sont très
stricts sur les principes de confidentialité et le respect de la présomption
d'innocence.
La lutte contre la corruption est devenue ces
dernières années le cheval de bataille des autorités togolaises, la création de
la HAPLUCIA s'inscrivait dans la perspective de renforcer les moyens de
prévention et de lutte contre la corruption. Si aujourd'hui cette institution
montre des signes de "manipulabilité"
et se distingue par la violation de ses textes fondateurs, les togolais
doivent vivement s'inquiéter. La crédibilité de la HAPLUCIA est en jeu, il faut
très tôt prendre des mesures fortes pour un recadrage.
Thierry AFFANOUKOE
Aucun commentaire
Publier un commentaire