PRECISIONS DE
MAX-SAVI Carmel, Directeur de la Communication de Agbéyomé Kodjo
Lundi 20 avril 2020 en fin de journée, le quartier
Tokoin Forever (centre-ville de Lomé, capitale du Togo) où habite Agbéyomé
Kodjo a été bouclé. Environs 300 à 350 militaires dans un premier temps ont été
déployés. Ils ont cerclé sa maison, bloqué toutes les rues d’accès et
investi toutes les maisons collées à la sienne, de force. Ils étaient armées
d’armes diverses. Plusieurs témoins ont pu constater quelques mitraillettes,
des Ak 47 et une équipe spéciale d’une trentaine de personnes disposaient de
pistolets automatiques.
Sachant que les Togolais sont nombreux à vouloir
savoir où en est le président Kodjo, j’ai voulu vous donner les premières
informations crédibles dont je dispose. Je voudrais d’abord vous dire qu’à
l’heure actuelle, il n’est pas libéré. Agbéyomé Kodjo se trouve aux mains de la
gendarmerie togolaise.
Au milieu de la nuit, alors que personne n’a pu fermer
l’œil dans la maison Kodjo, un renfort a été envoyé. Un soldat, sans doute un
officier, est venu s’entretenir avec les hommes en groupe, leur donnant des
ordres et consignes. Il a fait le tour des lieux et installé un appareil pour
brouiller la communication. Dès lors et à 5h du matin, plus personne n’est
joignable dans la maison d’autant que les téléphones ont été mis hors réseaux
grâce à la brouille installée. Peu avant 6h, un autre renfort est arrivé. Entre
150 et 200 hommes, pointés de part et d’autres dans les environs. Puis, un
détachement spécial de cagoulés est arrivé un peu après 7h. Ils sont
accompagnés d’un médecin, présumé militaire ainsi que de deux infirmiers,
apparemment des civils. L’assaut sera donné 1h plus tard.
Les militaires foncent sur le portail en acier
derrière lequel se trouvaient des briques et autres objets lourds pour se
protéger de l’intérieur. Mais il a cédé sous la violence des coups. Puis les
soldats criaient, tout "le monde à terre". La panique est infernale,
pleurs, cris de détresse, des coups ayant engendré quelques blessés. Les
premières personnes rencontrées à l’intérieur ont reçu coups et gifles,
distribués au hasard des matraques et autres coups de poings qui allaient dans
tous les sens.
Dans la maison, se trouvait Agbéyomé Kodjo, son
épouse, Mama Amorin et 4 de ses enfants. Quand à peu près entre 60 et 70
militaires sont rentrés dans la maison, ont molestés toute la famille Kodjo, le
personnel ainsi que les gardiens et toutes les personnes en visite ou en court
séjour notamment Mgr Philippe Kpodzro et son assistant Marc Mondji. Ils étaient
menottés deux par deux et étalés dans le sable.
Agbéyomé Kodjo est resté calme et ferme, très
courageux jusqu’à la fin. Alors que le prélat insistait pour partir avec lui,
le président a demandé qu’il reste sur place et se calme, compte tenu de sa
santé. Pendant ce temps, l’épouse de Kodjo, menottée avec l’une de ses filles
se trouvait couchée au sol, devant la maison, dans le sable, assistant au
mépris des forces de l’ordre dont certains proféraient des propos injurieux et
dégradants. La scène a duré une dizaine de minutes quand dans le lot, quelqu’un
a ciré "et les médicaments de papa ?". C’est alors que deux soldats
ont daigné accompagner Madame Kodjo les chercher. Puisqu’elle était attachée à
l’une de ses filles (par menotte), les deux montent dans le salon du premier
étage et perdent, inspirées, quelques minutes. Entre temps, un coup de fil
demande d’amener les personnes arrêtées et un officier intime aux deux femmes
l’ordre de les rejoindre au Camp avec les médicaments, laissant sur les lieux
des soldats qui les raccompagneraient, libres. C’est ainsi que deux membres de
la famille ont échappé miraculeusement à l’arrestation. Des contacts que j’ai
eus à la gendarmerie, il ressort que les membres de la famille seront libérés
cette nuit et conduits chez eux. Mais les collaborateurs, les autres acteurs
politiques interpellés sur place "passeront au moins une nuit" selon
l’officier que j’ai eu au téléphone, n’étant pas moi-même sur le sol togolais.
A l’heure actuelle, 21h10, heure de Tunis, les autres
personnes arrêtées sont en interrogatoire et pourraient être libérées, Agbéyomé
Kodjo, lui, est tenu à la gendarmerie, au Camp derrière la Cour d’Appel au nord
de la ville de Lomé. Le patron de cette structure interne d’informations de la
gendarmerie a pris soins de donner la seule information, selon laquelle le
président Kodjo sera présenté au Procureur de la République, ce qui devrait
intervenir tard, après le couvre-feu en rigueur à Lomé à cause du Covid-19, à
partir de 20h, locale.
Mgr Kpodzro est actuellement à son domicile à
Amadahomè, remmené chez lui par les forces de sécurité. Je n’ai pas pu lui
parler mais j’ai réussi à faire vérifier l’information auprès d’un autre évêque
togolais ainsi que par un membre de la cellule de communication du président
Kodjo.
En écoutant les enregistrements que j’ai pu obtenir
auprès de la famille, j’ai été tétanisé par la violence que cache chaque cri,
l’impudeur que dissipe chaque injonction, le mépris qui sous-tend chaque
raillerie. Et surtout la violence de chaque instant, des carrosses
d’armes ayant servi à briser vitres et biens personnels. Car même les
meubles bourrés ont été tous saccagés pour vérifier que personne ne s’y cache.
La Dynamique Kpodzro réagira sans doute dans les
prochaines heures, cette réaction n’étant pas un communiqué, mais une réaction
de fait, pour situer les Togolaises et Togolais, l’Afrique et le monde, sur ce
qui est arrivé, de façon spontanée et factuelle. Les autres aspects seront
abordés par des personnes indiquées.
MAX-SAVI Carmel, Directeur de la communication de
Agbéyomé Kodjo
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