Le jeudi 16 juillet 2020, deux hautes personnalités de
l’administration fiscale togolaise ont reçu leur Certificat d’Aptitude Militaire.
Un diplôme qui fait d’elles des Officiers supérieurs des Forces Armées
Togolaises (FAT). Une nouvelle tant appréciée, mais qui fait grincer des dents,
surtout au niveau de la Police nationale, où des fonctionnaires déplorent ne
pas bénéficier des avantages comparatifs, bien qu’étant à la fois dans le service
militaire et administratif.
Au-delà du service militaire, les policiers sont aussi
dans le service administratif avec plusieurs tâches comme l’établissement des
cartes d’identité, les légalisations, les déclarations de perte, les
certificats de résidence, passeport, visa pour ne citer que ceux-là.
Mais ne vous trompez pas, leurs conditions de travail
et de vie ne sont pas des plus meilleures, bien qu’étant à la fois dans le
service militaire et administratif.
Et pour sortir les policiers de la précarité et leur
assurer un mieux-être, il sera voté le 14 juillet 2015, le nouveau statut de la
Police nationale mais qui en l’absence d’un décret d’application, ne sera
jamais mise en œuvre. Dommage, étant dans le service militaire, le policier
togolais ne dispose d’aucun droit de grève ni de moyen de pression pour
réclamer quoique ce soit.
«Comme la Police nationale n’a de mère ni de
père, on nous a juste réservé une part congrue. On ne comprend pas pourquoi ils
ne veulent pas nous mettre dans les catégories correspondantes. Et ça c’est
surement parce que le niveau avec lequel les policiers sont recrutés inquiète
la haute hiérarchie militaire. Aujourd’hui, le plus haut gradé de la police,
c’est le Commissaire divisionnaire. Mais ils sont à compter au bout des doigts.
D’ailleurs, le changement ne viendra jamais puisque les personnes que le
Président pourrait consulter sur le sujet, sont des militaires», nous a lancé tout
frustré, un Officier de Police Adjoint dont nous gardons l’anonymat.
La catégorisation, un problème
Le policier togolais ne bénéficie pas de la même
catégorisation que les autres fonctionnaires de l’administration.
En exemple, le niveau BEPC classé en catégorie C dans
l’administration publique est relégué en D dans la police. Le BAC catégorie B est
classé C pour les Officiers de Police Adjoint. Quant au BAC+2 qui est classé A3
dans la fonction publique est relégué en catégorie C pour le policier.
Autant d’incompréhension au niveau de ces
professionnels, qui aspirent d’un jour à l’autre, voir le nouveau statut de la
Police Nationale mise en application au grand bonheur de ce corps, qui comme
les autres, se sacrifie pour la sécurité et le développement du pays.
Le matériel de travail, un autre défi
« Vous voulez parler de matériel, on
manque de tout et de tout. C’est très pénible d’être policer surtout à
l’intérieur du pays ou on manque de personnel. Même à Lomé, beaucoup font les
procédures avec leurs propres ordinateurs, ils paient eux-mêmes les rames
pour imprimer leurs PV. Bref, nos conditions sont très difficiles », a déploré
ce policier rencontré à l’intérieur du pays.
«Normalement chaque Unité de police devrait
avoir son budget de fonctionnement et des véhicules pour le déplacement des
troupes d’interpellation. Mais nous, nous ne l’avons pas. Les quelques
véhicules que vous trouvez, sont régulièrement en panne ou en manque de
carburant. Mais ceux qui ont la chance de voyager s’ils vous parlent de la police,
vous n’en revenez pas »,
devrait-il poursuivre : « d’ailleurs, il
n’est pas étonnant de voir des policiers en mission d’interpellation à bord des
taxis ».
Une lueur d’espoir
Si la situation des policiers ne connait pas une très
grande amélioration comparée aux autres, il faut toutefois noter que des lueurs
d’espoir renaissent avec le nouveau Directeur général de la Police nationale.
«Nous constatons que le nouveau Directeur
général de la Police nationale fait des efforts notamment en ce qui
concerne l’institution de stage à tous les niveaux de grades. On peut aussi
noter l’avancement des salaires dont nous bénéficions chaque deux an. Mais
toutefois, nous avons aussi l’impression qu’il rencontre des
obstacles dans ses efforts d’amélioration de nos conditions de vie et de
travail», a fait remarquer ce tout autre policier.
Cette situation inconfortable que vivent ces
fonctionnaires fait que des agents n’hésitent pas à déserter chaque année les
rangs de la Police nationale.
En effet, le nouveau statut voté en 2015, d’une part
rapproche le niveau des policiers togolais des autres pays de la sous-région et
d’autre part leur permette de faire face efficacement aux nouveaux défis de
sécurité notamment la criminalité transnationale organisée qui se posent en
termes de terrorisme, de trafic de drogue, des armes, ainsi que des crimes
économiques et financiers, et de la cybercriminalité.
Et ce
nouveau statut qui n’a jamais été appliqué créer, entre autres, un Conseil
consultatif de la fonction policière chargé de faire des propositions pour
l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel de la police
nationale.
Thierry AFFANOUKOE
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