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Arraché dans la fleur de l’âge, le décès de Fanuel Amenunya, secrétaire administratif de l’ONG AIMES-AFRIQUE fait déjà un an. En mémoire de l’illustre disparu, Fayrouze Kokou, un ami, un proche collaborateur revient sur la vie de l’homme à travers cet hommage dédié.
Hommage
à mon jeune frère Eyram Fanuel AMENUNYA
Après une année de silence cuisant et de recueillement
minutieux, je me permets de laisser ces quelques lignes pour l’histoire.
Nos regards se sont croisés pour la première fois en Janvier
2016 au lendemain d’un retour de voyage qui aurait duré plus d’un an.
L’empressement d’abord de te rencontrer était une flamme
brulante puisque nous échangions durant plusieurs mois auparavant et la
connectivité nous a tellement rapproché comme si nous nous connaissions
physiquement. Comme il n’existe pas de
hasard dans la vie, c’était le jour parfait pour faire une belle connaissance
avec un collaborateur de ta trempe. Depuis ce jour jusqu’à la fatidique et
funeste date du 29 novembre 2020, tu es resté un frère dont la qualité de nos relations
a su résister aux intempéries de la jalousie, des commérages, de l’hypocrisie et
de la méchanceté de quelques personnes acariâtres par nature… et qui s’est
toujours bonifiée au fil du temps parce que nous partagions les mêmes valeurs
et étions tous des jeunes épris de dextérité professionnelle et orientés vers
les résultats.
Très tôt, j’ai su déceler en toi les aptitudes d’un grand
bosseur, d’un infatigable et intrépide Sociologue façonné en un Administrateur
émérite qui faisait montre de plusieurs aptitudes professionnelles comme cela a
toujours été le cas dans « notre maison commune ». Eh oui… Comme les
enfants d’un père, nous avions été moulés dans un cadre professionnel très
exigeant et surtout « apprentis » d’un maitre hors pair, pétri de compétences,
exigeant, méticuleux, bref un visionnaire chevronné. Nous étions vraiment
« apprentis » et l’aventure poursuit son cours. Hélas…
Bien que je fusse ton précurseur dans « la maison
commune », tu m’as accueilli après une année d’absence avec ferveur et
d’un amour sincère et profond que je pouvais lire à travers ton aimable
sollicitude et de la magnificence que tu arborais. J’ai eu du mal à rejoindre
mon bureau car nous formions une équipe très dynamique et aguerrie pour relever
tous les défis que les contorsions professionnelles nous imposaient. OUI. Ce
fut la belle époque de la « maison- mère » qui dégageait une chaleur
humaine et force toujours l’envie d’y rester pour donner du sien au service de
l’humanité.
Je me rappelle encore combien cela m’était dur de quitter
ton bureau que je squattais avec plaisir pour rejoindre mon grand bureau bien
aménagé qui m’attendait et qui reflétait le lieu parfait et l’endroit idéal
qu’un jeune de notre âge pouvait rêver avoir dans un cadre professionnel. Mais
la complicité qui nous unissait était plus fort que le matériel. « WE WERE
BROTHERS ».
Nous arpentions ensemble tous les jours les couloirs de
notre « maison professionnelle » soit pour des diligences
professionnelles soit pour échanger quelques blagues afin de nous redonner du
tonus pour reprendre. Combien de fois je n’ai pas profité de ta générosité
les soirs alors qu’il était difficile de trouver un taxi moto pour rentrer. Tu
n’hésitais pas à m’amener jusqu’au parvis de mon portail en me lâchant toujours
dans un sourire angélique : « Agréable nuit à toi mon frère sous la
protection divine dans l’espoir de te revoir demain matin à 8H pour la suite du
combat » que nous menions ensemble aux cotés de notre patron. C’était une
complicité éblouissante qui était naturelle au regard des bonnes valeurs que
nous partagions. Je retiens de toi, un homme d’une élégance comportementale
inégalée, d’une bonté démesurée et d’une débonnaireté légendaire. Tu étais
homme « BIEN ».
Qu’il me souvienne que nos relations ne se limitaient pas
seulement au cadre professionnel, mais j’ai encore en mémoire, les belles
virées nocturnes que nous avions partagées ensemble dans une ambiance festive
et de détente, tout cela pour régénérer la force et l’humeur dans le souci d’être
toujours productifs et efficaces dans l’exécution de nos charges
professionnelles. Eh OUI… Nous avons toujours travaillé avec abnégation et
détermination en témoigne les appels les weekends que nous nous passions pour des
impondérables, même s’il faut reconnaitre que parfois j’exagérais en
t’harcelant les dimanches alors même que j’étais au bureau et je me confrontais
à des difficultés dans le traitement de certains dossiers. Tu étais toujours
disponible !!!
Je me souviens encore qu’en compagnie de notre ainé
Atitso DEGBOEVI en 2017 alors que nous l’accompagnions à l’aéroport pour un
voyage de travail en Allemagne, nous avions fait un accident sur la bretelle
djidjolé- atikoumé à bord de mon automobile, accident qui n’a eu que d’effet l’endommagement
de la carrosserie de la voiture. Nous en sommes sortis sans la moindre égratignure.
Ce n’était pas une prouesse mais la grâce divine qui était le ciment de notre
relation (je n’en dis pas plus…).
En 2018, je suis resté encore très admiratif de ta
disponibilité et de ta bienveillance quand je t’ai vu m’apporter ton soutien
sans faille à l’annonce du décès de mon père. Tu es l’un de mes amis et collaborateurs
qui au nom du caractère sacro-saint de l’amitié a effectué le voyage sur Mango
(ma terre natale) à l’occasion des cérémonies du 7è jour de deuil de mon
« padré ». C’était une trace indélébile que tu as laissée dans ma vie
et un pacte sanguin qui venait de se nouer à vie pour nous soutenir
mutuellement quel que soit la situation.
En ce moment (2018), qui d’entre nous pouvait savoir que
le destin pourrait faire de moi le porteur de la triste nouvelle de ton décès à
tes parents ? nul, nul et nul ne pouvait l’imaginer même dans ses rêves
les plus tumultueux…
Le vendredi 27 novembre 2021, tu étais venu dans mon
bureau autour de 19 heures me racontant ton état de santé défaillant toute la
journée alors que tu représentais notre patron à une conférence à l’université
de Lomé. Nous en avions ri et je t’ai suggéré de prendre un repos pour te
remettre et nous revenir en très bonne forme. Je ne savais pas que c’était
notre dernière conversation physique. Si je l’avais su…. Hélas !!! Après la
demi-heure passée debout dans mon bureau, tu m’as indiqué que tu devais finir
un rapport et t’en aller. Je t’ai, dans un air remonté, rabroué de rentrer et
pour aller loin t’ai proposé de te déposer à bord de ta voiture puisque je te
sentais physiquement un peu faible. Tu m’as répondu froidement que tu étais
fort pour slalomer les artères de la ville et rentrer calmement chez toi.
Alors en rentrant pour honorer mon traditionnel jogging
hebdomadaire des vendredis soirs, je suis passé te dire un au revoir et te
souhaiter un prompt rétablissement. C’était la dernière fois que nos yeux se
croisèrent et là pour toujours.
Le dimanche 29 novembre, alors que j’étais au
commissariat du 3è arrondissement de Djidjole pour assister un ami qui purgeais
une garde- vue, dans une scène rocambolesque, je ne sais comment dans un temps
record et les péripéties qui m’ont permis de tomber sur ton corps raid et
inerte à l’hôpital. Quelle triste nouvelle ? Je tombai des nues car je ne
pouvais imaginer que c’était toi mais hélas… c’était mon « frais-
air Fanuel » que je secouai en vain et criais ton nom plus de 20
fois te demandant de me répondre pour que je te dise un mot. Nous nous sommes
dit le vendredi que nous nous verrons lundi prochain et brusquement te voilà
couché inerte !!!!
Je passai un quart d’heure pour tenter de me consoler et
remettre en cause notre existence sur cette terre. Je finis par conclure
« vanité des vanités, tout est vanité ».
Compte tenu de notre fine proximité, je pris sur moi le
courage de me rendre au domicile de tes parents pour leur annoncer la triste et
déplorable nouvelle. J’ai trouvé ta maman inconsolable, dévastée, meurtrie,
fondue et affligée en larmes avec des cris de détresse…
Elle t’espérait impatiemment pour le déjeuner dominical
en compagnie de ton père et de tes frères. Tu es parti très tôt mon cher frère.
Je vais m’arrêter ici.
De là-haut ou tu te trouves, sois fier du bref instant
que tu as passé sur la terre des hommes. Tu as accompli avec élégance et
modestement ta mission. Nul ne peut t’en demander plus si ce n’est agité la
maxime de « nul n’est parfait sur la terre ».
Je retiens assez de choses pour les meilleurs instants
passés à tes cotés. Dieu seul sait comment nous aimions le job que nous
faisions et la passion qui nous animait quand nous travaillions. Nous étions
des jeunes, prêts à tout sacrifier pour atteindre les résultats. NOUS AVONS
ENSEMBLE CONTRIBUE A REHAUSSER L’IMAGE DE AIMES- AFRIQUE et cela dans
l’apprentissage avec humilité. C’était la détermination des jeunes à prouver
leurs aptitudes à s’assumer sur le plan professionnel et à donner le meilleur
d’eux-mêmes. Rien d’autre.
Je n’oublie pas le surnom que nous sommes donné. Un
surnom venu fortuitement mais qui avait tout son sens dans nos rapports
jusqu’au jour de ton rappel à DIEU. Nous fumes des « AZEA » et
« KORO » à la fois.
Continue de reposer en paix « AZEA » et porte-toi
bien de là ou tu es. Mes pieuses pensées en ce jour vont vers tes parents et ta
progéniture. Que chacun d’entre eux trouve la force de la consolation et
continue de prier pour que tu reposes éternellement en paix.
Bien à toi et très « KOROTIQUEMENT ».
Fayrouze KOKOU
Mail : thierryaffanoukoe@gmail.com
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